Le premier accroc coûte deux cents francs
de Elsa Triolet

critiqué par Elko, le 17 novembre 2022
(Niort - 48 ans)


La note:  étoiles
Résistantes
Étonnant ouvrage que ce recueil de nouvelles. Déjà le titre qui fait référence à une phrase codée annonçant le débarquement en Provence et qui respire la France d’avant. Ensuite le fait qu’Elsa Triolet, alors dans la résistance, l’ait écrit pendant la seconde guerre mondiale et surtout avant son dénouement. Toutes les incertitudes et tous les espoirs y trouvent une résonance singulière. Enfin le statut de l’auteur, première femme primée du Goncourt, à la notoriété éclipsée par son compagnon Aragon.

La première nouvelle suit une résistante dans la région lyonnaise. Lors d’une de ses missions, elle rencontre un homme avec lequel elle joue la comédie de l’amour.
Dans la seconde, un artiste peintre revenu du front tente tant bien que mal de survivre avec son amante sans se compromettre ni s’engager.
Louise est l’héroïne de la suivante. Dans sa retraite elle couche sur papier ses souvenirs d’enfance en Russie et de journaliste au maquis. Avec toujours cette angoisse d’être arrêtée.
La dernière nouvelle, écrite après l’armistice, se passe au moment du débarquement de Provence où, face à leur recul annoncé, les allemands se livrent à de derniers actes de barbaries.

Il y a beaucoup d’Elsa Triolet dans ses personnages féminins et dans leurs aventures. Les nouvelles sont traversées de la nostalgie des jours d’avant guerre et de cet état étrange, ce moment suspendu du conflit, où à chaque instant tout peut basculer.